Focus expertise – L’ISO 50 001

L’équipe communication a échangé avec Augustin Colas, Directeur Conseil et auditeur ISO 50 001, pour mieux comprendre le rôle de cet auditeur, les étapes de certification et comment initier la démarche.

Retrouvez les grandes conclusions de cet interview :

Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’ISO 50 001 ?

  • L’ISO 50 001 est une norme relative aux systèmes de Management de l’Energie. Elle recommande un ensemble de documents, d’analyses et de rituels qu’un organisme peut instaurer pour mettre en place une culture d’amélioration continue, appliquée à l’énergie. La certification ISO 50 001 ne signifie pas qu’un organisme est mature vis-à-vis de sa gestion de l’énergie, mais qu’il s’est doté d’une infrastructure managériale lui permettant de le devenir.

Quel intérêt y-a-t-il à être certifié ISO 50 001 ?

  • Le premier intérêt de la norme ISO 50 001 est de donner des lignes directrices aux organismes pour monter en compétences sur les sujets énergie. Les entreprises qui souhaitent renforcer leur maturité énergétique peuvent s’appuyer sur la norme pour avoir une approche exhaustive, une approche holistique. En effet, beaucoup d’entreprises tombent dans l’écueil de vouloir adopter une approche purement technique sur les sujets énergie. Or, l’énergie est un sujet complexe : il est donc confié aux techniciens sans réfléchir à la structure nécessaire pour pérenniser les améliorations. La norme donne des pistes pour élargir le champ d’action, pour intégrer également une réflexion sur les structures managériales ou encore sur l’instauration d’un climat et d’un état d’esprit vigilant sur les questions énergétiques.
  • Le second intérêt est économique. Obtenir la certification ISO 50 001 donne accès à certains bénéfices financiers. D’une part, certains clients demandent à leurs fournisseurs de présenter ce certificat pour leur accorder des marchés. Cette demande peut être un moyen pour certains grands groupes de montrer leur rôle de « chef de file » dans la transition énergétique. Lancer une démarche de certification est alors un investissement nécessaire.

La certification est également nécessaire pour obtenir certaines aides ou subventions. Les sites qui souhaitent bénéficier d’un abattement sur leur tarif de transport d’électricité, par exemple, doivent être certifiés. Ce prérequis s’applique aussi aux sites soumis aux quotas carbone (site ETS, ou SEQE en français) souhaitant bénéficier de certaines opérations CEE. Enfin, la certification ISO 50 001 permet de se substituer à un audit énergétique obligatoire.

 

Quels sont les éléments attendus pour être certifié ISO 50 001 ?

  • La liste des documents attendus est précisée par la norme. Dès lors que la norme mentionne une « information documentée », la question suivante doit se poser « quelles preuves pouvons-nous apporter qu’un tel élément est bien formalisé ? ». Le démarrage d’une démarche ISO 50 001 consiste donc à relire la norme, pour lister les éléments à établir. On peut citer certains de ces éléments clés :
    • Un tableau de bord énergie doit être mis en place, centralisant à la fois des indicateurs de performance énergétique (dont la définition est laissée à l’appréciation de l’organisme) ainsi que des objectifs et cibles associés à ces indicateurs.
    • La revue énergétique doit dresser un panorama de la consommation d’énergie de l’organisme et permettre d’identifier des usages principaux (dits Usages Énergétiques Significatifs). Une réflexion doit être menée sur chacun de ces usages, afin d’identifier des facteurs qui influent sur leur performance énergétique, les équipes agissants dessus et les potentiels d’amélioration des ces usages. La revue énergétique doit être mise à jour régulièrement.
    • Un plan d’action doit être établi, afin de se donner les moyens d’atteindre les cibles en lien avec chaque indicateur de performance énergétique. Ce plan d’action doit identifier les responsables de chaque action, les moyens nécessaires, les échéances et la méthode qui permettra le contrôle de l’amélioration de la performance énergétique.
    • La définition d’une équipe de management de l’énergie: une équipe de management de l’énergie doit être formellement établie par la direction de l’organisme. Les responsabilités doivent être clairement définies et l’équipe de Management de l’énergie doit se voir équipée des ressources nécessaires pour mener à bien ce rôle.

 

 

A quoi ressemble un cycle de certification ISO 50 001 ?

  • Le cycle de certification passe par 3 grandes étapes dans la relation vis-à-vis de l’agence qui délivre la certification.
    • La première étape correspond à un audit de certification. Cet audit a lieu lorsqu’un organisme souhaite obtenir une certification qu’il n’avait pas encore obtenue. Dans ce cas, l’audit est censé porter sur l’ensemble des chapitres de la norme. Si l’audit est concluant, l’organisme se voit alors délivrer une certification pour une période de 3 ans.
    • La seconde correspond à des audits de suivi. Ces audits ont lieu une fois la certification obtenue et permettent de vérifier que le système de management de l’énergie reste « vivant » et conforme à la norme une fois la certification obtenue. Ces audits ont lieu régulièrement pendant les 3 ans pendant lesquels la certification est valable. Individuellement, ils peuvent ne porter que sur des parties de la norme mais doivent, pris dans leur ensemble, traiter la norme dans sa totalité.
    • Au bout de 3 ans, l’organisme certifié passe par la dernière étape : le renouvellement. L’audit doit porter sur la totalité de la norme et permet de savoir si la certification sera reconduite ou non.
  • Tout au long de ce processus, l’organisme doit mener une série d’audits « internes ». C’est-à-dire des audits à blanc dont les résultats ne sont pas ceux pris en compte par l’agence qui délivre la certification. Ces audits à blanc peuvent être réalisés par les équipes de l’organisme certifié, par des équipes « parallèles » (maison mère, filiales, sociétés sœurs…) ou par des ressources externes (consultants). Ils permettent d’effectuer une forme de répétition générale avant de rencontrer les équipes mandatées par l’agence délivrant la certification.

 

Quels sont les écueils à éviter au moment d’initier cette démarche ?

  • Les différents éléments attendus par la norme présentent des niveaux d’intérêts inégaux en termes d’impact sur la performance énergétique. Par exemple, l’établissement d’un plan d’action énergie semble pertinent quelle que soit l’activité de l’organisme. En revanche, la définition systématique de critères d’efficacité énergétique, peut s’avérer fastidieuse ou artificielle pour certaines catégories d’achats. Si un organisme démarre une démarche ISO 50 001 avec comme principale motivation, celle de monter en compétences dans sa gestion de l’énergie, on peut considérer que le tampon final de certification ne doit pas constituer une fin en soi. Une réflexion doit être menée en amont sur ce qui motive la démarche. Si l’objectif est de répondre à une demande externe, la certification est indispensable. Si l’objectif est d’améliorer sa performance énergétique, il peut être pertinent de prendre du recul sur la certification.

 

  • En ce sens, la certification est trop souvent vue à tort, comme une finalité elle-même. Toutes les ressources sont mobilisées pour construire des documents conformes à la norme, sans questionner la pertinence de leur contenu. Par exemple, de nombreux sites industriels listent dans leur plan d’action des lignes formulées de manière extrêmement vagues : « optimiser l’équipement n°3 », « Etablir une culture d’attention sur les gaspillages énergétiques ». D’un point de vue normatif, ce plan d’action est valide du fait de sa seule existence. Mais d’un point de vue pratique, on peut s’interroger sur les leviers de cette optimisation ainsi que sur les bornes temporelles de ces actions. On en vient à regretter que davantage de temps soit passé sur le formalisme des documents que sur leur contenu.

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