PAC Air/Eau en résidentiel collectif : pourquoi les ventes ne décollent pas ?

Le marché français de la PAC Air/Eau a fortement progressé ces dernières années, pour atteindre 161 000 unités vendues pendant la période janvier/août 2021, à comparer à 56 000 unités vendues sur la même période en 2018. Cependant cette hausse cache une disparité notable :

  • Sur le marché de la rénovation énergétique en maison individuelle, les ventes de PAC Air/Eau ont fortement progressé ces dernières années. Les PAC Air/Eau gagnent des parts de marché face aux chaudières gaz individuelles à condensation.
  • Alors que 3,5 millions de logements sont encore chauffés au fioul et au gaz en France (CEREN, 2020), sur le marché de la rénovation énergétique en résidentiel collectif, la part de marché des PAC Air/Eau collectives reste négligeable par rapport aux chaudières gaz. Par ailleurs, les chaudières gaz collectives à condensation restent très largement plébiscitées pour les projets de rénovation.

Sur le marché de la rénovation, comment expliquer la croissance importante de la PAC Air/Eau en maison individuelle et la quasi-absence de PAC Air/Eau en résidentiel collectif ?

ACE Énergie tente de répondre à cette question à l’aide des analyses suivantes : est-ce un problème de coûts à l’achat et/ou d’aides financières ? Y-a-il d’autres facteurs (techniques, structurels…) ?

 

Comparaison des PAC A/E en rénovation thermique : maison individuelle vs habitat collectif

Comparaison des coûts et aides financières

On définit 4 variantes de travaux pour lesquels on souhaite comparer les coûts et aides financières associés :

-Dans le logement individuel : remplacement d’une chaudière gaz non-condensation par une chaudière gaz condensation ou par une PAC A/E.

-Dans le logement collectif : remplacement d’une chaudière gaz non-condensation par une chaudière gaz collective à condensation ou par une PAC A/E collective.

La prime CEE est donc 10 fois supérieure pour une PAC A/E en individuel par rapport à une chaudière gaz non-condensation, alors qu’elle n’est que 1,3 fois supérieure dans le logement collectif.

De surcroît, le dispositif d’aides est insuffisant pour restaurer la compétitivité entre le système gaz et la PAC A/E.

NOTA : Les dispositifs « coup de pouce Rénovation performante d’une maison individuelle » et « Coup de pouce rénovation de bâtiment résidentiel collectif » peuvent permettre d’avoir plus d’aides CEE pour les PAC A/E en individuel comme en collectif, si l’opération est couplée à des travaux d’isolation de l’enveloppe.

NOTA : En copropriété, les ménages aux ressources très modestes sont éligibles à une prime MaPrimeRénov’ de 1 500 € par logement et les ménages modestes à 750 € par logement.

 

Autres facteurs

En rénovation, la chaudière gaz à condensation peut être avantagée par rapport à la PAC Air / Eau, la production d’eau chaude peut plus facilement atteindre 80°C, quand les PAC Air/Eau sont souvent dimensionnée pour que la température de sortie soit de 55°C.

Les PAC A/E ne sont pas adaptées aux bâtiments mal isolés. Les projets de PAC doivent donc souvent s’accompagner de travaux d’isolation (murs, toiture, planchers), d’un remplacement des radiateurs à eau chaude existants, de travaux de mise à jour des équipements électriques (armoire). L’isolation en amont du remplacement du système de chauffage est pertinente car elle permet de réduire la puissance de la PAC et ainsi d’en diminuer le coût d’installation.

En copropriété, l’isolation des bâtiments s’avère onéreuse et difficile à mettre en œuvre. Les temps de décision et de réalisation des projets d’isolation sont plus longs qu’en maison individuelle. Ces raisons peuvent également expliquer le retard du déploiement des PAC Air/Eau en résidentiel collectif.

Enfin, d’autres critères plus indirects peuvent expliquer le retard des PAC Air/Eau en collectif :

  • Contrainte esthétique et acoustique des modules extérieurs des PAC Air/Eau. L’acceptabilité des modules extérieurs est inférieure en copropriété par rapport aux maisons individuelles.
  • Formation insuffisante des chauffagistes du collectif.
  • Le remplacement d’une chaudière gaz non à condensation par une chaudière gaz récente est plus simple et rapide que par une pompe à chaleur.
  • Difficultés de mise en œuvre des fiches CEE rénovation globale.

NOTA : L’écart de performance (rendement des installations) entre les PAC et les chaudières est équivalent, quelque soit la puissance des équipements.

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