ACE Energie vous propose de découvrir une startup œuvrant comme elle au financement de projets accélérant la décarbonation des usages. Riverse, jeune pousse créée il y a un peu plus d’un an par Grégoire Guirauden et Ludovic Chatoux, s’attaque au marché complexe des crédits carbones volontaires. ACE Energie s’est entretenue avec Grégoire Guirauden.

Que fait ta startup ?

Riverse est un standard d’émissions de crédits carbone pour les Greentechs en Europe. Nous permettons donc à ces solutions de décarbonation de monétiser leur impact pour accélérer leur développement.

Concrètement nous proposons à certaines solutions Greentechs de

  1. Mesurer leur impact par une analyse de cycle de vie comparative
  2. Expliquer pourquoi elles sont éligibles aux mécanismes des crédits carbone
  3. Vérifier leur impact dans le temps pour émettre les crédits carbone
  4. Les mettre en relation avec les bons partenaires de vente

Quel est le problème principal auquel vous apportez une solution ?

Notre mission est de permettre le financement massif des solutions de décarbonation industrielles, ou Greentechs.

80% des solutions nécessaires pour atteindre les objectifs des Accords de Paris en 2030 existent. On est à 50% pour l’horizon final 2050.

De plus, le dernier rapport du GIEC montre que quand on finance massivement une technologie, comme l’éolien ou le solaire, elle atteint une maturité technologique et des niveaux d’économie d’échelle pour être compétitive.

Or la plupart des Greentechs sont en perpétuelle recherche de financement pour se déployer à grande échelle, et elles ne peuvent pas aujourd’hui monétiser facilement leur impact. Nous sommes là pour résoudre ce problème.

Comment as-tu eu l’idée de cette approche pour le résoudre ?

D’un côté, en allant à la rencontre de ces Greentechs, nous rencontrions des gens passionnés, compétents, portant des projets bénéfiques à bien des égards pour la transition. Or la recherche de financement occupait près de 30% de leur emploi du temps, autant de temps non focalisé sur le déploiement industriel. De plus, la monétisation de l’impact était impossible dans la plupart des cas.

De l’autre, le mécanisme des crédits carbone volontaires, après avoir végété pendant plusieurs décennies, est voué à un rôle nouveau du fait des Accords de Paris en 2015 et des engagements de neutralité carbone des continents, Etats, et désormais entreprises.

Or le crédit carbone reste un mécanisme aujourd’hui peu utilisé, peu efficace, et dont plusieurs mauvaises utilisations sont régulièrement pointées du doigt. Nous tâchons de proposer une version vertueuse du crédit carbone via deux principes essentiels :

  • Permettre aux meilleures solutions de décarbonation industrielles de bénéficier facilement de ce mécanisme avec des coûts et process limités.
  • Permettre aux entreprises engagées dans des stratégies de contribution à hauteur de leurs émissions résiduelles d’acheter des crédits carbone en lien avec leurs chaînes de valeur et leurs zones géographiques.

Quels sont les plus gros défis que vous rencontrez en ce moment ?

Deux enjeux majeurs nous occupent. Premièrement, faire face aux critiques récurrentes sur les crédits carbone pour en faire enfin un mécanisme vertueux. La plupart des entreprises n’achètent pas de crédits carbone aujourd’hui, en se cachant derrière les quelques scandales récents, ce qui les arrangent bien car cela leur évite de devoir y consacrer une part de leurs revenus.

Or le mécanisme des crédits carbone dans le fond est vertueux en cela qu’il permet de rémunérer de l’impact pour développer des projets bas carbone cruciaux pour la transition. Il faut en revanche absolument respecter les deux critères :

  • Financer des projets vraiment utiles pour la transition
  • Que les entreprises qui achètent des crédits carbone le fassent dans le cadre d’une stratégie complète de décarbonation

L’autre défi, plus simple à exprimer, est que le crédit carbone reste un process complexe, et que le simplifier tout en restant rigoureux nécessite une approche technique forte.

Comment tu vois évoluer ce secteur dans les 5 années à venir ?

Tout d’abord, le mécanisme va nécessairement s’accroître exponentiellement du fait des engagements pris par les entreprises pour lutter contre le dérèglement climatique dans le monde entier. La question n’est donc pas de savoir s’il y aura des crédits carbone ou pas, mais comment faire pour que les crédits carbone soient réellement bénéfiques et remplissent leurs enjeux de financement de la transition.

De ce fait, les évolutions à prévoir sont les suivantes :

  • Transparence accrue des process de certification pour apporter de la visibilité et de la compréhension sur l’usage de ces fonds
  • Mise en place de stratégies cohérentes des entreprises qui achèteront des crédits carbone proches de leurs chaînes de valeur et de leurs zones d’activité
  • Hausse des prix des crédits et meilleure répartition de la valeur au bénéfice des projets
  • Simplification et fiabilisation des process via des solutions technologiques
  • Extension de la monétisation à d’autres éléments environnementaux que le carbone : eau, plastique, particules fines, biodiversité, impact social…

Ces évolutions sont souhaitables, pour faire du crédit carbone un vrai levier de lutte contre le réchauffement climatique, par la monétisation de l’impact pour financer des projets.

Enfin, pour clarifier l’approche de Riverse, voici 3 exemples de projet dont nous soutenons le déploiement grâce au financement de crédits carbone :

  • Projet d’évitement : Extension d’un centre de reconditionnement informatique en Île-de-France
  • Projet de capture : Nouvelle usine de production de biochar en Bourgogne
  • Projet mixte (évitement + capture) : Projet BECCS (Bio-Energy, Carbon Capture & Storage) de gazéification de déchets de biomasse pour produire du biogaz et du biochar !

 

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